En plein pendant les crises climatiques et alimentaires mondiales, l’Afrique se construit un avenir alimentaire plus radieux

20 Sep 2022

Photo par Axel Fassio / CIFOR 

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BONN, Allemagne (15 septembre 2022) – L’humanité est confrontée à une urgence climatique qui frappe l’Afrique plus durement que partout ailleurs, alors que le continent ne contribue qu’à hauteur de 4 % aux émissions mondiales de gaz à effet de serre. La guerre en Ukraine entraîne une hausse spectaculaire des prix des denrées alimentaires et des carburants, ce qui fait qu’il est plus difficile que jamais pour les pays africains de nourrir leurs citoyennes et citoyens grâce aux importations alimentaires. Toutefois, la crise pourrait également offrir à l’Afrique l’opportunité de transformer radicalement ses systèmes alimentaires, ont déclaré des experts lors de la Conférence numérique GLF Africa 2022.  

Le continent africain dispose d’une multitude de solutions pour reprendre sa souveraineté alimentaire, mais ces solutions doivent être développées. Plus de 200 intervenant(e)s ont lancé un appel à la mobilisation pour des investissements dans le climat et la biodiversité, l’accès équitable à la terre, et des chaînes de valeur plus courtes et plus écologiques. Non seulement cette transformation peut renforcer la résilience des communautés et des écosystèmes, mais elle peut également atténuer les effets du changement climatique.  

« Jamais auparavant nous n’avons été confrontés simultanément à autant de crises mondiales qu’aujourd’hui. Aujourd’hui, nous devons non seulement prendre des mesures contre l’une des pires crises alimentaires mondiales jamais connues, mais nous devons également rendre nos systèmes alimentaires davantage résilients aux crises futures. Considérons cela comme une opportunité », a déclaré Jochen Flasbarth, Secrétaire d’État au ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ). L’Allemagne préside actuellement le G7.  

« La jeunesse africaine s’est réveillée, et nous sommes déterminés à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour construire une Afrique prospère. Pour cela, nous avons besoin que les dirigeants africains encouragent activement les investissements dans le secteur agricole. Après tout, l’agriculture est le métier le plus formidable au monde. L’agro-industrie africaine vaudra 1 000 milliards de dollars d’ici à 2030, et tout le monde a besoin de manger », a souligné Ineza Grace, coordinatrice de Loss and Damage Youth Coalition (LDYC).  

Organisé par le Global Landscapes Forum en partenariat avec le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) et divers partenaires, l’événement entièrement en ligne du 15 septembre 2022 a rassemblé plus de 8 300 participant(e)s issus de 122 pays, dont des entrepreneurs, des scientifiques, des jeunes militants, des praticiens de la restauration et les plus hauts représentants de gouvernements. Le Forum a permis de toucher plus de 26 millions de personnes grâce aux médias sociaux.  

Avec 31 sessions, la publication de cinq livres blancs, des tribunes, une visite virtuelle, un salon de l’emploi et des expositions et présentations créatives, la conférence a fourni des informations essentielles sur la façon de construire un avenir alimentaire résilient en Afrique avant la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP27) à Sharm El-Sheikh, en Égypte.  

Parmi les principales recommandations formulées par les experts de toute l’Afrique, citons celles qui suivent :  

  • L’Afrique est dotée d’écosystèmes riches et diversifiés qui fournissent des services essentiels pour garantir les besoins du continent en matière d’alimentation, d’eau, de santé, d’énergie et de sécurité des moyens de subsistance. Dans les zones rurales du continent, plus de 62 % de la population dépend directement de ces services. À ce titre, la biodiversité et son impact doivent être intégrés dans les prises décisionnelles économiques et financières.  
  • Pour garantir une gestion durable des terres, les populations locales doivent bénéficier d’un accès équitable aux terres et aux ressources naturelles, indépendamment de leur sexe et de leur âge.  
  • Les jeunes ont un rôle essentiel à jouer dans la construction de l’avenir alimentaire du continent, mais la plupart des programmes de développement agricole en Afrique manquent de politiques qui les ciblent explicitement.  
  • Les petits exploitants agricoles contribuent à au moins 70 % de l’approvisionnement alimentaire de l’Afrique, mais ils sont confrontés à de multiples obstacles, notamment un accès insuffisant aux marchés, l’inaction des politiques et des déficits technologiques qui limitent la productivité et la rentabilité. Les pistes en matière de financement durable et de développement peuvent faire la différence en améliorant l’utilisation des terres pour les systèmes alimentaires africains et en créant des emplois et des chaînes de valeur « verts » pour des produits de base comme le cacao, le soja, l’huile de palme, les fruits et les légumes, avec des retombées positives sur le changement climatique, la biodiversité, l’utilisation de l’eau, la pauvreté rurale et les inégalités femmes-hommes.   
  • L’Afrique ne reçoit actuellement que 3 % dufinancement climatique mondial alors qu’elle est l’un des continents les plus touchés par le changement climatique. Le déficit de financement des petites et moyennes entreprises agricoles en Afrique subsaharienne est estimé à plus de 100 milliards de dollars par an, et l’Afrique aura besoin de plus de 3 000 milliards de dollars de financement climatique d’ici 2030 pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.   

La conférence comprenait une séance plénière organisée par le Programme d’impact sur les systèmes alimentaires, l’utilisation des terres et la restauration (Food Systems, Land Use and Restorationou FOLUR), financé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), qui vise à transformer l’empreinte environnementale de l’agriculture via 27 projets nationaux ciblant les paysages de production de huit grands produits de base, dont le cacao, le café, le maïs, le bétail, l’huile de palme, le riz, le soja et le blé. La séance plénière a permis de présenter des projets nationaux FOLUR récemment lancés en Côte d’Ivoire et au Ghana, les deux plus grands pays exportateurs de cacao au monde, et a présenté des enseignements et des perspectives sur les moyens de réaliser des chaînes de valeur de produits de base écologiques et sans déforestation.  

#ThinkLandscape #GLFAfrica 

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NOTES AUX ÉDITEURS 

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À propos du GLF   

Le Global Landscapes Forum (GLF) est la plus grande plateforme mondiale axée sur les connaissances en matière d’utilisation intégrée des terres, dédiée à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) et de l’Accord de Paris sur le climat. Le Forum adopte une approche holistique pour créer des paysages durables qui soient productifs, prospères, équitables et résilients, et prend en considération cinq thèmes cohérents : l’alimentation et les moyens de subsistance, la restauration des paysages, les droits, le financement et la mesure des progrès. Le Forum est dirigé par le Centre de recherche forestière internationale et le Centre international pour la recherche en agroforesterie (CIFOR-ICRAF), en collaboration avec ses cofondateurs, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et la Banque mondiale, et les membres signataires de la Charte. Cette conférence numérique a été rendue possible grâce au soutien généreux du ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), du ministère fédéral allemand de l’Environnement, de la Protection de la nature, de la Sécurité nucléaire et de la Protection des consommateurs (BMUV), du gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg, du Programme d’impact sur les systèmes alimentaires, l’utilisation des terres et la restauration (Food Systems, Land Use and Restoration ou FOLUR), du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et de la Fondation Robert Bosch Stiftung. 

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CITATIONS EXTRAITES DE LA CONFÉRENCE  

Jamais auparavant nous n’avons été confrontés simultanément à autant de crises mondiales qu’aujourd’hui. Aujourd’hui, nous devons non seulement prendre des mesures contre l’une des pires crises alimentaires mondiales jamais connues, mais nous devons également rendre nos systèmes alimentaires davantage résilients aux crises futures. Considérons cela comme une opportunité 

La jeunesse africaine s’est réveillée, et nous sommes déterminés à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour construire une Afrique prospère. Pour cela, nous avons besoin que les dirigeants africains encouragent activement les investissements dans le secteur agricole. Après tout, l’agriculture est le métier le plus formidable au monde. L’agro-industrie africaine vaudra 1 000 milliards de dollars d’ici à 2030, et tout le monde a besoin de manger

Ce n’est pas parce que des acteurs extérieurs le demandent. C’est parce que nous y croyons. Si nous sommes réactifs, nous pouvons continuer à vivre la même chose. Mais si nous devenons proactifs, nous pourrions bien devenir les leaders de nouveaux systèmes alimentaires.

Nous devons gérer l’utilisation des espèces sauvages pour l’alimentation en examinant toute la gamme des options possibles, de la conservation pure à l’utilisation durable en passant par la domestication. Nous ne pouvons pas simplement dire aux personnes dépendant de la viande de brousse comme principale source de protéines d’arrêter de manger de la viande sans leur proposer des alternatives abordables et saines.

Il y a un récit que nous pouvons commencer à changer. L’Afrique n’est pas un pays : c’est un continent. L’Afrique n’est pas ‘définie par la pauvreté’ : l’Afrique est riche. L’Afrique est pleine d’histoires ; l’Afrique est pleine de diversité ; elle est pleine de jeunes cœurs, elle est pleine de culture, elle est pleine d’innovation ; elle est pleine de nouvelles idées. Si nous voulons voir des solutions basées sur la nature, si nous voulons voir des contributions innovantes à la fois dans l’espace scientifique et dans l’espace de conservation, alors l’Afrique est le meilleur endroit où regarder. Et nous devons constamment nous rappeler et demander au reste du monde de ne pas définir l’Afrique sous l’angle de la pauvreté, car ce n’est pas ce que nous sommes. L’Afrique est riche en biodiversité, des océans à la terre en passant par nos populations.

"Protéger le climat du continent est essentiel pour lutter contre la pauvreté et les crises alimentaires. " "Les petits agriculteurs produisent la nourriture, mais ils dorment l’estomac vide. " "Nous avons besoin d’une approche holistique à l’avenir pour gérer les crises futures qui menacent l’humanité."

"Lorsque nous pensons à l’adaptation, notre première pensée peut concerner la réduction des risques alimentaires ou la prévention des pénuries d’eau, mais ce que nous apprenons, c’est que le renforcement des systèmes de santé peut réduire l’impact des maladies infectieuses, du stress thermique et d’autres risques liés au climat, ainsi que les traumatismes associés aux chaleurs extrêmes. "
"Il existe des limites à l’adaptation. L’adaptation ne peut pas empêcher toutes les pertes et tous les dommages, et même avec une adaptation efficace, les limites seront atteintes avec des niveaux plus élevés de réchauffement."

Dans ma culture, les arbres sont sacrés. C’est quelque chose sur lequel nous pouvons nous appuyer pour conserver la biodiversité. Nos cultures possèdent les solutions.

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